"mini-encyclopédie" d'Histoire militaire pour la faire comprendre au plus grand nombre. Ce blog se présente comme un recueil d'articles traitant de civilisations, de guerres et de batailles, dans un ordre généralement chronologique, et à pour but de présenter les grands moments de l'histoire militaire, avec comme fil conducteur celui-ci : comment en-est on arrivé à la Seconde Guerre mondiale, aboutissement des conceptions militaires de l'Europe Occidentale ?
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mercredi 20 octobre 2010
l'Angleterre au début de la guerre de Cent Ans, une armée nationale
Au début de la guerre de Cent Ans (1337-1453), plus que deux royaumes, ce sont deux modèles qui s'affrontent. D'un côté l'ost français, armée féodale principalement composée de chevaliers lourdement armés et cuirassés, de l'autre l'armée anglaise s'appuyant sur des archers et des fantassins, même les nobles allant à pied, et disposant de pieux. Je ne parlerais pas ici de la bataille navale de l'Ecluse, où l'inconséquence du roi de France conduisit à la destruction de la flotte française, qui ne se relèvera pas pendant quelques 300 ans. Je vais plutôt me pencher sur les batailles de Crécy (1346), de Poitiers (1356) et d'Azincourt (1415). A Crécy, comme à Azincourt, c'est la boue et la lourdeur de la cavalerie française qui ont conduit au désastre, à Poitiers ce sont les choix tactiques du roi Jean II le bon. Commençons par Crécy : tout d'abord le roi Edouard III s'était solidement installé en haut des collines environnant Crécy (quand une armée est principalement composée d'archers, c'est l'idéal). En face l'armée du roi de France compte sur ses 6000 arbalétriers génois et sa puissante chevalerie. Des deux côtés on s'organise en 3 "armées (lignes de bataille), la première ligne anglaise étant protégée par des pieux, les quelques chevaliers anglais attendant à l'arrière. Si les Anglais sont parfaitement organisés, l'armée française laisse plutôt une impression de confusion. Les arbalétriers génois, en première ligne engage le combat contre les archers anglais, mais du fait de leur position défavorable (tirer en haut d'une colline en étant en bas n'est pas chose facile) ils sont vite contraints de reculer. Malheureusement, c'est au moment où les Génois se retirent que la cavalerie française s'ébranle : écrasant les malheureux Génois et ajoutant à la confusion, puis allant s'empaler sur les pieux anglais, elle est aussi déconfite. La défaite de la France est totale : ils laissent quelques 10 000 hommes sur le carreau (certaines sources disent 30 000 mais à l'époque l'exagération est de mise) tandis que les Anglais n'en ont perdu que 300. La supériorité des arcs à corde en chanvre anglais sur les arbalètes à cordes de cheveux génois est indiscutable.
10 ans plus tard à Poitiers, Jean II le bon, commet 1 énorme erreur qui va lui coûter la victoire : une fois encore les Anglais sont placés sur les hauteurs d'une colline, et il décide d'attaquer à pied les Anglais ! Même les chevaliers doivent mettre pied à terre pour combattre. Essayez donc de courir dans une montée, vous m'en direz des nouvelles, surtout quand l'adversaire vous accable de flèches et vous rentre dedans avec sa cavalerie ! C'est ce qui se passa à Poitiers, les Anglais chargèrent les Français et les exterminèrent, et la bravoure du roi n'y changea rien. Une fois encore la défaite française était totale, même s'il est vrai qu'elle n'est pas celle de la chevalerie.
En 1415, enfin, le jeune roi d'Angleterre Henri V allait remporter la victoire la plus éclatante de cette guerre, et la plus retentissante : avec seulement 10 000 hommes il mis en déroute une armée de 50 000 français. Il est vrai qu'il fut fort bien aider par deux facteurs : le terrain était boueux, et, mais cela recoupe le premier, la chevalerie française lourdement carapaçonnée était immobilisée par la dite boue. De plus, les Anglais étaient toujours équipés de pieux. Au début de la bataille, quand les Anglais commencèrent à arroser d'un feu nourri les chevaliers français, ceux-ci ne purent bouger, embourbés qu'ils étaient. Certains parvinrent à se dégager mais furent aisément exterminés par les archers anglais (au mieux ils vinrent s'empaler sur les pieux), le reste, l'immense reste, le "gros" de l'armée, fut taillé en pièce par les Anglais qui quittèrent leurs positions pour désarçonner puis tuer les chevaliers français l'un après l'autre à l'aide de maillets.
Tous les prisonniers seront exterminés. Cette bataille marque la fin définitive de la chevalerie.
jeudi 14 octobre 2010
les légions romaines
Les légionnaires romains sont probablement les soldats qui frappent le plus l'imaginaire collectif.
Popularisé par des b.d comme Astérix et Obélix, par les péplums, on n'en finit pas de les décliner sous toutes les formes (romans, b.d., péplums, reconstitutions historiques). Mais comment se fait-il que ces hommes aient pu conquérir le bassin méditerranéen, de l'Espagne à l'Asie mineure, en passant par le nord de l'Afrique, l'Egypte ? Au début de son histoire, c.à.d. entre Le VIIIème et le IVème siècle avant notre ère, Rome ne disposait que d'une simple milice d'hoplites, emprunt qu'elle a certainement faite aux cités grecques du Sud de l'Italie. Mais au fil de ses guerres défensives, Rome conquière le Latium et finit par se heurter aux celtes. Les commandants romains se rendent vite compte que face à ces hommes se battant en formation dispersée, la formation de la phalange n'est pas viable. On décide alors de fractionner la phalange et petits groupes plus maniables, les manipules, et l'armée est divisée en trois rangs (premier rang : hastati, les plus jeunes, second rang princeps, un peu plus expérimentés, 3ème rang triarii, les plus vétérans) L'armement aussi change : le bouclier hoplite est remplacé par un long bouclier rectangulaire, probablement emprunté aux samnites, le scutuum, et les hastati et les princeps abandonnent la lance grecque pour le pilum, un javelot plus léger qui sert principalement d'arme de jet et qui reste fiché dans le bouclier qu'il atteint, seuls les triarii conservant la lance grecque. De plus, les hastati et les princeps ne disposent que d'armures légères, tandis que les triarii sont lourdement protégés. Ce qui nous amène à la tactique : les hastati, puis les princeps accablent l'ennemi avec une pluie de javelots, puis chargent à l'épée. S'ils sont repoussés, les triarii entrent en scène : ils posent un genou à terre et forment un mur de boucliers derrière lequel les unités en déroute peuvent se reformer avant de repartir à l'attaque.
L'armée romaine ne se limite pas à cette infanterie, elle dispose aussi de tirailleurs, les vélites (recrutés dans les classes les plus pauvres), armés de petits javelots de jet, et d'un petit bouclier rond, chargés d'harceler l'ennemi; mais aussi de petits contingents de cavalerie (généralement les plus riches, qui peuvent se permettre l'achat et l'entretien d'un cheval), et d'engins capables de projeter des projectiles (les scorpions principalement), ainsi que d'engins de siège. Je me répète un peu, mais les Romains étaient eux aussi passés maitres dans l'art des sièges : béliers, tours mobiles, catapultes, balistes, travaux de sape...
Au IIème siècle avant notre ère est faite une nouvelle réforme de l'armée, dont l'instigateur est Marius, l'oncle de Jules César. Juste pour donner une idée du personnage, Marius est le général romain qui a repoussé les invasions des Cimbres et des Teutons (faisant au passage plusieurs centaines de milliers de victimes, les peuples germaniques ayant l'habitude d'envahir des terres avec femmes et enfants), réputés invincibles. Marius donc, décide d'ouvrir l'armée à tous ceux qui le désirent, riches ou pauvres, citoyens romains ou non. L'armée devient donc une affaire de volontaires, ceux-ci motivés par le butin et les salaires. En plus de cela, Marius introduit une réforme dans l'armement. Désormais, tous les légionnaires disposeront du pilum et d'une courte épée, le gladius, et adopteront une nouvelle tactique, la célèbre tortue. La tortue à l'avantage de pouvoir abriter toute l'armée des flèches (même l'infanterie légère)et de pouvoir supporter le poids d'hommes et de chars. Très vulnérable au corps à corps, elle est surtout utilisée lors des sièges.
L'armée restera inchangée jusqu'au IIIème siècle après J.C., lorsque la "germanisation" de l'armée entrainera de nombreux changements.
mercredi 13 octobre 2010
La Macédoine de Philippe II et Alexandre le Grand
Au début de son histoire simple petit royaume semi-barbare au nord de la Grèce, la Macédoine, sous les règnes successifs de Philippe II et Alexandre le Grand, va soumettre toute la Grèce et la Perse entre -338 av.J.C (bataille de Chéronée, victoire contre Thèbes et Athènes) et -326 av.JC (extension maximale de la campagne d'Alexandre dans l'empire perse, le Macédonien arrivant dans le bassin de l'Indus). Mais comment ces deux rois sont ils parvenus, en l'espace d'une dizaine d'années, à conquérir un si grand empire ? Et bien en améliorant la tactique de la phalange d'une part, et en utilisant une cavalerie cuirassée, d'autre part. Tout d'abord la phalange macédonienne :
les hoplites qui la composent abandonnent la cuirasse, et sont équipés d'un bouclier de taille réduite, ainsi que d'une lance plus longue, la sarisse, longue de plus de 5m. La longueur de la lance permet d'augmenter la profondeur des rangs, ainsi au lieu d'avoir 8 rangs comme dans une phalange classique, on en aura 16. Autre avantage de l'allongement de la lance : briser les phalanges adverses bien avant que celles-ci puissent seulement atteindre les Macédoniens. En mode défensif, la phalange macédonienne peut stopper les flèches et les charges de cavalerie dans l'enchevêtrement de ses lances, en mode offensif, elle renverse tout sur son passage (dans l'article précédent, nous avions vu que la pression exercée par une phalange grecque était phénoménale, ici, elle l'est encore plus, du fait de l'augmentation de la vitesse, dût à l'allégement de l'équipement, et à l'augmentation de la profondeur (16 rangs au lieu de 8), ce qui fait qu'au moment de l'impact, le premier rang ennemi subit la pression de 16 rangs, et non pas 8. Le premier rang balayé, le reste de la phalange adverse panique, et la phalange est brisée.
Venons-en à la cavalerie : les "compagnons", ils sont équipés comme des hoplites, mais combattent à cheval. L'avantage de la Macédoine sur les Grecs, c'est aussi la possession de vastes plaines qui lui permet d'entretenir une cavalerie nombreuse, chose que seuls les Thessaliens pouvaient. La supériorité de cette cavalerie cuirassée sur la phalange est évidente : certes une attaque frontale serait suicidaire, mais sa vitesse lui permet d'attaquer les flancs et les arrières (endroit particulièrement vulnérable, car dépourvu de protection, la phalange se présentant comme un hérisson (hérissé de pointes devant, dénudé derrière). Imaginez, votre phalange classique se faisant bousculer aux premiers et aux deniers rangs, elle ne manquerait pas d'être rompue. Voilà pour la conquête de la Grèce, mais qu'en est-il pour la Perse ?
La réponse se trouve tout simplement dans les mentalités : les Grecs recherchent le choc frontal, tandis que les Perses, comme de nombreuses populations d'Asie, cherchent à tuer sans être tuer, c'est-à-dire qu'ils adoptent des techniques d'esquive. Fort bien, et cela est meurtrier quand ce sont les points faibles qui fuient pour attirer l'ennemi puis lui tomber dessus, mais quand ce sont les unités clés, rien ne va plus, et une charge frontale sur le point fort d'une armée perse entraine la déroute de toute l'armée. En effet, lorsqu'Alexandre, au Granique, à Issos et Gaugamèles charge les points nevralgiques des perses, ceux-ci, voyant arriver sur eux à toute allure ce bloc hérissé de lances croient avoir affaire aux démons, et s'enfuient sans demander leur reste.
Le génie d'Alexandre est d'avoir compris que les Perses avaient peur pour leur vie, et que les points les mieux défendus, étaient ceux abritant les plus lâches.
lundi 11 octobre 2010
La Grèce antique : la phalange spartiate et la trirème athénienne
Au Vème siècle av.J.C, la Grèce est divisée en d'innombrables cités-états qui se font la guerre, chacune tenant beaucoup, quelque soit sa puissance à conserver son indépendance. La conception grecque de la guerre est originale : il s'agit de venger une "insulte" (la violation de la terre sacrée d'une ville), et ce non pas au cours d'une guerre, au sens moderne du mot, mais d'une seule grande bataille décisive, de là le choc des phalanges, affrontement brutal où le soldat doit surmonter sa peur, sa mentalité (les grecs ne tuer pas par gaieté de coeur). Dans la phalange les hommes sont épaule contre épaule, le bouclier couvrant le voisin de gauche (d'où une certaine tendance des phalanges à dériver pour rester sous la protection de son voisin), la lance fermement serrée contre le corps. Une phalange se compose en général de 12 colonnes et 8 rangs de profondeur. L'armement d'un hoplite comprend un lourd bouclier de bronze (la plupart du temps en bois, Sparte étant une des rares à utiliser la version en bronze) de forme ronde (hoplon, d'où le nom d'hoplite), une lance en bois d'environ 2 mètres avec aux extrémités le "talon" et la pointe de la lance en fer, une épée, elle aussi en fer, servant à "sabrer" (l'épée est pour les grecs secondaire, c'est la lance qui est pour eux l'arme principale), un casque en bronze (plus résistant que le fer, il permet de repousser les flèches, entre autres), une cuirasse (parfois en bronze, d'autre fois en cuir avec des anneaux de fer par dessus) ainsi que des cnémides (protections pour les jambes) et des protections pour les poignets (en fer). Ainsi équipé, l'hoplite doit supporter une charge d'environ 140 kilos. Lors d'une bataille les deux phalanges se font face dans une plaine (choisie par les deux belligérants), séparées par un vide d'une centaine de mètres. Après les sacrifices, les deux armées s'élancent l'une contre l'autre (courir avec 140 kilos sur le dos semble être surhumain mais récemment, un historien anglais a prouver que la chose était possible) les hommes du premier rang cherchant à frapper leurs vis-à-vis aux endroits non protégés (aine, gorge...), ceux du second rang, aidant ceux du premier, et les 7 rangs de derrière poussant le premier. Sous le choc de la pression, certains mourraient, piétinés. Lorsqu'une des 2 phalanges parvenait à créer une faille dans l'autre, les hommes du premier rang jouaient du bouclier, de la lance et de l'épée pour agrandir la brèche ("poussée des boucliers"). Au bout d'un moment, une des deux phalanges se brisait, mais les vainqueurs poursuivaient rarement les survivants (''puisque nous sommes victorieux aujourd'hui, pourquoi ne le serions nous pas demain ?''), se contentant de dresser un trophée avec les armes des vaincus avant de rentrer chez eux.
Sparte est la cité qui a poussé à son paroxysme la tactique de la phalange, c'est la seule à s'être dévouée entièrement à la guerre. Grâce à un dur entrainement, qui commençait à 7 ans et qui durait toute la vie, les spartiates étaient de véritables machines à tuer, invincibles sur terre malgré leur faible nombre (10 000 hoplites au total, quand Athènes pouvait aligner 23 000 hommes). Cette puissance militaire s'est traduite par la conquête des 2/3 du Péloponnèse, faisant d'elle l'"empire" le plus étendu du monde grec.
Sur mer, c'est à Athènes que revint la prépondérance. En effet, cette cité était capable d'aligner jusqu'à 300 trirèmes, et elle maitrisait parfaitement les tactiques navales, ce qui la rendait très redoutable, car les autres cités avaient du mal à aligner autant de vaisseaux.
Cette flotte permit à Athènes de soumettre 150 cités, toutes obligées de verser tribus (ligue de Délos).
C'est l'impérialisme d'Athènes qui conduisit à la première guerre d'importance en Grèce, opposant presque la moitié des cités contre l'autre, je veux bien sûr parler de la guerre du Péloponnèse (-431, -404av.J.C), où la première puissance navale et la première puissance terrestre s'affrontèrent pour l'hégémonie sur le monde grec.
dimanche 10 octobre 2010
La Perse au Vème siècle avant Jésus-Christ, le plus grand empire de l'époque
Bien que la Perse fut ridiculisée par les grecs entre 490 (Marathon) et 449 av.J.C (paix de Callias), elle fut, à partir de son émancipation vis-à-vis des Mèdes en -550 (Cyrus le Grand) l'un des plus grands empires de l'Antiquité (elle s'étendait, en 486, du fin fond de l'Asie mineure (bassin de l'Indus) jusqu'au nord de l'Egypte, en passant par la Mésopotamie. L'empire perse était très développé, tant sur le plan civil, que militaire (administration forte, systèmes de routes, utilisation d'infanterie légère, de cavalerie, d'arcs composites (petits mais très efficaces). De plus, sur le plan militaire, sa stratégie avait maintes fois fait ses preuves : l'infanterie était chargée de fixer le centre adverse, tandis que la cavalerie enveloppait les ailes (assez similaire à la stratégie chinoise). Ce système, très efficace en plaine, se révèlera inefficace contre les grecs, qui les attireront toujours dans des lieux resserrés, où seul le corps à corps est possible. En plus de cela, les perses étaient d'excellents ingénieurs (le pont de bateaux construit sur l'Hellespont (le détroit du Bosphore) pour l'invasion de la Grèce de 480 est une sacrée prouesse : des centaines de bateaux mis bords à bord, reliés par des cordes et des planches permettant le passage d'une armée d'environ 300 000 hommes).
Enfin, il convient de revenir sur l'impuissance des Perses face aux Grecs. En effet, les Guerres Médiques et la conquête d'Alexandre ont laissé croire en une faiblesse militaire des Perses. En fait l'explication est à chercher ailleurs, à savoir dans la culture, j'entends par là les mentalités : la mentalité des Grecs les avait conduit à se battre au sein de la phalange, à obtenir la décision par une charge (et cette mentalité à influencé l'Europe Occidentale pendant des millénaires). La mentalité perse, quant à elle, avait conduit à la mise en place de tactiques d'évitement : il s'agissait de tuer sans être tué, grâce à des positions fortifiées et l'utilisation de l'arc composite. Cette mentalité, bien adaptée au combat en Asie, était complétement inadaptée au combat contre les Grecs : ainsi, lorsque les phalanges chargèrent, le facteur psychologique (les Perses paniquèrent en voyant ces "hommes de bronze" leur foncer dessus, ce qui pour eux était un comportement suicidaire) joua un grand rôle dans la victoire. Le génie d'Alexandre le Grand, est d'avoir compris qu'il lui fallait attaquer les points les mieux protégés (quand Clausewitz parle du "centre de gravité" d'une armée, il ne peut être mieux illustré que par les campagnes d'Alexandre le Grand, qui avait "le coup d'oeil", c'est-à-dire qu(il était capable de repérer le point faible d'une armée simplement en regardant la façon dont elle s'est positionnée), qui étaient en fait les points les plus sensibles (et là on est de plein pied dans Sun Tzu qui parle de transformer ses points forts en points faibles et ses points faibles en points forts) de l'armée perse. Bien sûr, la mentalité n'explique pas tout, il faut ajouter aussi que l'armée grecque était une armée de professionnels se battant pour leurs terres (Guerres Médiques) ou faisant leur métier (campagnes d'Alexandre) tandis que la perse était composée de paysans arrachés à leurs terres et contraints de faire la guerre, mais il faut bien insister sur le fait que c'est la mentalité qui est la plus importante.
vendredi 8 octobre 2010
8 octobre 1768 : U Borgu.
Petite parenthèse par rapport au sujet jusqu'à présent abordé (les civilisations qui ont fait date dans l'histoire militaire) pour parler d'une bataille. Pas forcément très connue. En effet, aujourd'hui est un jour un peu particulier : le 8 octobre 1768, l'armée révolutionnaire corse se paya le triple luxe d'infliger une cuisante défaite à la meilleure armée d'Europe de l'époque, de faire ce qu'avait fait César à Alésia (les pièges en moins), et de détruire le carré français avec de la cavalerie, chose jusque là impossible, le carré d'infanterie étant justement pensé pour contrer ce type de charge.
Mais avant d'en venir à la bataille, quelques mots sur le contexte : au début du XVIIIème siècle, la Corse appartient à Gênes. A la suite de plusieurs rébellions, les Corses finissent par se débarrasser des Génois et se dotent d'une constitution (1755), bien avant les colons américains et les révolutionnaires français. (A propos de l'influence corse sur les insurgents, il faut savoir que ceux-ci se ruèrent sur les troupes britanniques au cri de "Remember Paoli !") Cependant, Gênes décide de vendre la Corse à la France (traité de Versailles, 15 mai 1768). Paoli, u babbu di a patria (le père de la patrie) outré dira : "cumpravanu a nostra isula è u nostru populu, cum'ellu si compra una banda di pecure vindute à u mercatu..."("ils achetaient[par ce traité] notre ile et notre peuple comme on achète un troupeau de chèvres au marché...") à noter qu'il l'a dit en italien, mais après tout la version corse est aussi suggestive. A l'issue de cet achat, les Français se lancent donc dans la conquête de l'île.
Le corps expéditionnaire est numériquement peu important, car les Français s'attendent à ce que les Corses fuient aux premiers coups de feu... De plus, l'armée française est vite contrainte de se morceler pour protéger les diverses places qu'elle occupe.
Or, Paoli, qui en a vent, décide d'attaquer avec toute son armée (certainement moins de 9 000 hommes car à l'époque, il y avait tout au plus une dizaine de milliers d'hommes prêts à prendre les armes aux côtés de Paoli, et celui-ci, au moment de la bataille garde en réserve 4 000 hommes).
Le résultat ne se fait pas attendre : les petites garnisons françaises, submergées, déposent les armes les unes après les autres. Le 5 octobre, l'armée corse (environ 4 000 hommes) arrive devant U Borgu, un village défendu par un peu moins de 1 000 soldats d'élite (de l'infanterie et des canons). De plus, le commandant de la place, De Ludre attend des renforts (3 000 hommes). Après avoir rejeté un armistice, l'armée "paoliste" encercle la place. En transformant le village en camp retranché, le commandant français a cependant fait une erreur de taille : il n'a ni fortifié le point d'eau, ni les maisons à la limite du village. Dans la nuit du 6 au 7, les paolistes s'emparent desdites maisons et bloque la garnison française au centre. Le 8, 10 compagnies de grenadiers, commandés par d'Arcambal, tentent d'enfoncer les lignes corses, c'est à ce moment que ceux-ci se retrouvent dans la position de César à Alésia : devant eux, les fortifications de de Ludre, derrière, celles qui les séparent de d'Arcambal. C'est au cours de cette journée de durs combats que les carrés français sont brisés par une violente charge de la cavalerie corse. Finalement, le 9, après une journée de combats acharnés, contre de nouveaux renforts (3 000 hommes) amenés par Chauvelin,au cours de laquelle Paoli lance une charge héroique en disant : '' " Patriotes ! Rappelez-vous les Vêpres corses, lorsqu'en ce même lieu vous détruisîtes les Français. L'honneur de la patrie et la liberté publique ont besoin aujourd'hui de toute votre valeur. L'Europe nous regarde. " Le 10, les français capitulent face à ces corses qui se battent "cù l'anticu furore" (mot à mot "avec l'antique fureur").
A leur grande surprise, Paoli laisse leurs armes et bagages aux soldats français, et invite les officiers à sa table (c'est ce qu'on appelle la "guerre en dentelle", dont les Français ne firent d'ailleurs guère preuve à l'égard des Corses capturés lors des autres affrontements, antérieurs et postérieurs). Cette bataille clôt la campagne française en Corse, pour le moment. Car si Louis XVI envisage de laisser les Corses en paix, Choiseul le convaincra de remettre le couvert dès l'année suivante.
Le général (français) Dumouriez qui participa à la campagne de 1768, dira à ce propos : " Les Corses remportèrent tout l'honneur de cette campagne qui légèrement entreprise et imprudemment conduite, fut si honteusement terminée. Tout ce que Paoli a tenté était audacieux, bien combiné et exécuté avec finesse et précision. Il a employé dans cette guerre du génie et un très grand caractère, et les Corses y ont montré un courage très estimable. "
jeudi 7 octobre 2010
La Chine des Royaumes Combattants
Impossible de parler de la période des Royaumes Combattants (453-221av.J.C) sans parler de Sun Tzu et son Art de la guerre qui ont influencé, entre autres Mao Tse Tung et l'armée japonaise moderne. Dans son Art de la guerre, Sun Tzu (son existence et la paternité de l'ouvrage ne sont pas encore assurées) enseigne la meilleure façon de faire la guerre : comment diriger une armée, sur quel terrain se battre ou non, les qualités que doit posséder un général...mais plus important, il donne des informations précieuses sur la façon de faire la guerre des chinois à l'époque : une armée en campagne compte généralement 100 000 hommes et s'appuie principalement sur de nombreux archers et arbalétriers (l'occident ne connaîtra l'arbalète qu'au Moyen Age), ainsi qu'une infanterie lourde et une légère avec une force de cavalerie légère et rapide en soutien. (Sun Tzu parle même de chars cuirassés).
Une armée chinoise se divise en trois (comme plus tard les légions romaines), mais aussi en deux, c'est à dire qu'une partie de l'armée est conçue comme une force de choc ("Ch'i") (c'est à l'infanterie d'élite de tenir ce rôle), chargée d'effectuer un assaut frontal, tandis que l'autre partie constitue une force plus mobile ("Ch'i"), chargée d'attaquer les flancs et les arrières de l'armée adverse.
C'est à cette époque que les armées deviennent permanentes et commandées par des officiers de carrière (précédemment c'était le souverain ou un noble qui assurait le commandement), quelque soit leur naissance, seul leur mérite comptait.
L'attaque par le feu et l'attaque par l'eau étaient souvent utilisées.
Enfin, les armées chinoises de cette période disposaient d'un matériel de siège élaboré (cf. article sur les assyriens pour le détail).
Petit saut dans l'histoire, je me dois de rappeler que les chinois découvrirent la poudre vers 1050 ap.J.C, soit près de 500 ans avant l'occident.
Dans l'Antiquité et au Moyen Age, la Chine devance l'Europe de beaucoup, même si au XIXème siècle ses arcs, arbalètes, dragons en papier (pour effrayer l'ennemi) et ses navires en bois ne pourront tenir tête aux cuirassés européens, russes et japonais, ainsi qu'à leurs armes à feu ultra modernes...
mercredi 6 octobre 2010
L'Assyrie antique, première armée régulière
au début de son histoire ( vers - 2100 av.J.C), si l'Assyrie ne dispose que d'une armée composée d'une infanterie armée de piques et de paysans médiocres, elle va très vite se retrouver en possession de la meilleure armée de l'époque : l'emploi du cheval (char de guerre) et du fer (pour les armes) va se révéler déterminant. De plus au IXème siècle (av.J.C), l'armée assyrienne est devenue une armée régulière (la première du genre) composée de soldats professionnels et disposant de l'avantage technique sur ses voisins. Cette armée régulière est composée de troupes légères organisée autour d'une solide infanterie, qui constitue la colonne vertébrale. De plus elle emploie de nombreux chars pour couvrir ses ailes. Mortellement efficace en plaine, cette armée produit aussi de bons résultats en terrain accidenté, malgré l'inefficacité de la cavalerie et des chars sur ce type de terrain. De plus l'Assyrie disposait d'une véritable artillerie : tours mobiles, béliers, engins capables d'envoyer des projectiles enflammés. Elle était passée maître dans l'art des sièges.
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