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mercredi 20 octobre 2010

l'Angleterre au début de la guerre de Cent Ans, une armée nationale




Au début de la guerre de Cent Ans (1337-1453), plus que deux royaumes, ce sont deux modèles qui s'affrontent. D'un côté l'ost français, armée féodale principalement composée de chevaliers lourdement armés et cuirassés, de l'autre l'armée anglaise s'appuyant sur des archers et des fantassins, même les nobles allant à pied, et disposant de pieux. Je ne parlerais pas ici de la bataille navale de l'Ecluse, où l'inconséquence du roi de France conduisit à la destruction de la flotte française, qui ne se relèvera pas pendant quelques 300 ans. Je vais plutôt me pencher sur les batailles de Crécy (1346), de Poitiers (1356) et d'Azincourt (1415). A Crécy, comme à Azincourt, c'est la boue et la lourdeur de la cavalerie française qui ont conduit au désastre, à Poitiers ce sont les choix tactiques du roi Jean II le bon. Commençons par Crécy : tout d'abord le roi Edouard III s'était solidement installé en haut des collines environnant Crécy (quand une armée est principalement composée d'archers, c'est l'idéal). En face l'armée du roi de France compte sur ses 6000 arbalétriers génois et sa puissante chevalerie. Des deux côtés on s'organise en 3 "armées (lignes de bataille), la première ligne anglaise étant protégée par des pieux, les quelques chevaliers anglais attendant à l'arrière. Si les Anglais sont parfaitement organisés, l'armée française laisse plutôt une impression de confusion. Les arbalétriers génois, en première ligne engage le combat contre les archers anglais, mais du fait de leur position défavorable (tirer en haut d'une colline en étant en bas n'est pas chose facile) ils sont vite contraints de reculer. Malheureusement, c'est au moment où les Génois se retirent que la cavalerie française s'ébranle : écrasant les malheureux Génois et ajoutant à la confusion, puis allant s'empaler sur les pieux anglais, elle est aussi déconfite. La défaite de la France est totale : ils laissent quelques 10 000 hommes sur le carreau (certaines sources disent 30 000 mais à l'époque l'exagération est de mise) tandis que les Anglais n'en ont perdu que 300. La supériorité des arcs à corde en chanvre anglais sur les arbalètes à cordes de cheveux génois est indiscutable.
10 ans plus tard à Poitiers, Jean II le bon, commet 1 énorme erreur qui va lui coûter la victoire : une fois encore les Anglais sont placés sur les hauteurs d'une colline, et il décide d'attaquer à pied les Anglais ! Même les chevaliers doivent mettre pied à terre pour combattre. Essayez donc de courir dans une montée, vous m'en direz des nouvelles, surtout quand l'adversaire vous accable de flèches et vous rentre dedans avec sa cavalerie ! C'est ce qui se passa à Poitiers, les Anglais chargèrent les Français et les exterminèrent, et la bravoure du roi n'y changea rien. Une fois encore la défaite française était totale, même s'il est vrai qu'elle n'est pas celle de la chevalerie.
En 1415, enfin, le jeune roi d'Angleterre Henri V allait remporter la victoire la plus éclatante de cette guerre, et la plus retentissante : avec seulement 10 000 hommes il mis en déroute une armée de 50 000 français. Il est vrai qu'il fut fort bien aider par deux facteurs : le terrain était boueux, et, mais cela recoupe le premier, la chevalerie française lourdement carapaçonnée était immobilisée par la dite boue. De plus, les Anglais étaient toujours équipés de pieux. Au début de la bataille, quand les Anglais commencèrent à arroser d'un feu nourri les chevaliers français, ceux-ci ne purent bouger, embourbés qu'ils étaient. Certains parvinrent à se dégager mais furent aisément exterminés par les archers anglais (au mieux ils vinrent s'empaler sur les pieux), le reste, l'immense reste, le "gros" de l'armée, fut taillé en pièce par les Anglais qui quittèrent leurs positions pour désarçonner puis tuer les chevaliers français l'un après l'autre à l'aide de maillets.
Tous les prisonniers seront exterminés. Cette bataille marque la fin définitive de la chevalerie.